EN BREF
PREVALENCE
CAUSES
Le syndrome de Bardet-Biedl est une maladie génétique qui associe le plus souvent :
-
une obésité,
-
des troubles de la vision,
-
des anomalies des doigts,
-
dans certains cas un mauvais fonctionnement des reins,
-
des anomalies des organes génitaux,
-
des difficultés d’apprentissage sont souvent présentes,
-
d’autres malformations (du cœur par exemple) peuvent être associées, mais plus rarement.
Le syndrome de Bardet-Biedl est une maladie rare dont la prévalence (nombre de personnes atteintes dans une population à un moment donné) est comprise entre 1/100000 et 1/150000 pour les populations d’Europe et d’Amérique du Nord.
Ce syndrome est beaucoup plus fréquent dans certaines populations isolées comme les populations bédouines du Koweït où la prévalence est estimée à 1/13 500.
Le syndrome de Bardet-Biedl est une maladie héréditaire due à l’altération (mutation) d’un gène. A ce jour, on dénombre au moins vingt-quatre gènes différents pouvant être responsables de cette maladie. Il s’agit des gènes BBS1 à BBS24.
Le syndrome de Bardet-Biedl n'est pas contagieux et touche aussi bien les garçons que les filles et se manifeste, en général, dès la naissance.
TRANSMISSION
Dans la plupart des cas de BBS, les deux parents sont porteurs d'un gène normal et d'un gène récessif défectueux. Bien que les parents aient une copie du gène défectueux et soient appelés porteurs de la maladie, ils ne sont pas affectés par la présence du gène défectueux.
Pour qu'une maladie récessive survienne, l'enfant doit hériter de deux copies défectueuses du gène, une de chaque parent. L'enfant issu de chaque grossesse a une chance sur quatre d'être atteint. Si un nouveau-né n'est pas atteint, il y a 2 chances sur 3 qu'il soit porteur du gène défectueux du BBS.
Le syndrome étant rare, il est peu probable qu'un porteur du gène ait des enfants atteints, à moins que son partenaire ne soit également porteur.
GENETIQUE
À ce jour (2022), des mutations dans 24 gènes BBS ont été identifiées chez 85% des patients BBS. Il reste encore d'autres gènes à trouver, car 15% des patients ne présentent pas de mutation dans l'un de ces gènes BBS identifiés.
Certains gènes sont plus courants que d'autres : 38% des patients présentent des mutations dans le gène BBS1 et dans le gène BBS10. Cependant, les patients porteurs de mutations dans le même gène BBS peuvent présenter des symptômes très différents du syndrome : l'un d'entre eux peut avoir des doigts supplémentaires à la naissance, tandis qu'une autre personne porteuse d'une mutation identique peut ne pas avoir de doigts supplémentaires du tout.
Les gènes impliqués dans ce syndrome « commandent » la fabrication de protéines qui jouent un rôle au niveau des cils des cellules. Les cellules possèdent en effet des cils qui fonctionnent un peu comme des antennes, captent et transmettent des informations sur l’état de leur environnement. Lorsque ces cils sont défectueux (ce qui est le cas lorsque les gènes sont mutés), certaines fonctions sont elles aussi altérées.
Les cils ont notamment un rôle important dans la vision et le fonctionnement des reins, ce qui explique le déficit visuel et les anomalies rénales éventuelles dans le syndrome de Bardet-Biedl. De nombreux travaux de recherche sont en cours pour comprendre le rôle des cils dans toutes les manifestations de la maladie.
Le diagnostic repose sur l’association de quatre des critères suivants,
dont au moins un des deux premiers :
Le diagnostic peut être rendu difficile par :
-
L’apparition différée des signes cliniques (par exemple un enfant né avec une polydactylie qui ne développe que plusieurs mois (voire année) après des signes de malvoyance, par l’absence d’un ou plusieurs critères cliniques (par exemple : absence de polydactylie)
-
La variabilité du tableau clinique entre patients de la même famille ou muté dans un gène identique, par la confusion entre syndromes notamment au sein des ciliopathies (par exemple le syndrome d’Alström se distingue par une surdité, une insulinorésistance précoce mais partage l’obésité, l’atteinte rétinienne et la maladie rénale mais sans polydactylie).
CRITERES DIAGNOSTIQUES
MANIFESTATIONS CLINIQUES
Les manifestations cliniques du syndrome de Bardet-Biedl sont multiples et varient considérablement d’une personne à l’autre. Tous les malades ne présentent donc pas la totalité des symptômes décrits ci-dessous.
TROUBLES VISUELS
Presque tous les enfants atteints du syndrome de Bardet-Biedl souffrent d’une baisse de la vision débutant le plus souvent vers l’âge de 5-6 ans. Elle commence par une diminution puis une perte progressive de la vision de nuit ou dès que la lumière est un peu faible. L’enfant voit très peu dans l’obscurité mais cela peut passer inaperçu lorsqu’il est petit.
Le champ visuel rétrécit peu à peu sur les côtés (figure 1), donnant l’impression de regarder par un tube de plus en plus étroit (vision dite « tubulaire »). La qualité de la vision se dégrade beaucoup pendant l’adolescence. Parfois, d’autres manifestations oculaires peuvent s’y associer : vision de loin floue (myopie) ou vision déformée (astigmatisme), corrigeables toutes les deux par des lunettes, opacification du cristallin (cataracte) entraînant une baisse progressive de la vision, apparition de mouvements anormaux saccadés des yeux (nystagmus), problèmes de distinction des couleurs... A terme, la vision centrale peut aussi être atteinte, rendant le malade malvoyant.
Les troubles visuels caractéristiques du syndrome de Bardet-Biedl sont dus à une atteinte de la rétine, appelée rétinopathie pigmentaire. La rétine (figure 2) est la surface du fond de l’oeil qui reçoit les images, un peu comme une pellicule photographique, et les transmet au cerveau sous forme de signaux électriques.
Figure 1
A gauche, la vision normale. Au centre et à droite la vision d'une personne atteinte par le syndrome de Bardet-Biedl avec troubles visuels (rétinopathie pigmentaire). Le champ de vision se rétrécit progressivement.
Figure 2
Schéma d'un oeil. La rétine est la fine membrane qui tapisse le fond de l'oeil et qui détecte la lumière.
ANOMALIE DES ORTEILS ET DES DOIGTS
Il existe souvent, mais pas dans tous les cas, des malformations des orteils et des doigts qui sont plus petits que la normale (brachydactylie). Il existe souvent six doigts et/ou six orteils au lieu de cinq, le ou les doigt(s) surnuméraire(s) étant situé(s) à côté du cinquième doigt (le petit doigt). On parle de polydactylie postaxiale. Par ailleurs, certains enfants ont deux ou plusieurs doigts accolés, c’est-à-dire mal séparés, et reliés par une membrane (doigts palmés ou syndactylie).
OBESITÉ
Malgré un poids normal à la naissance, les enfants atteints présentent presque toujours un surpoids important dès la première année de vie. Ce surpoids évolue souvent vers une obésité sévère, surtout au niveau du tronc. Parfois, la taille est plus petite que la moyenne.
MALFORMATION des REINS
ET des VOIES URINAIRES
Des malformations des reins et des voies urinaires sont très fréquentes. Elles peuvent être graves et, dans un nombre important de cas, conduire à un mauvais fonctionnement des reins dont la fonction est de filtrer le sang et de permettre d’éliminer les déchets via l’urine.
Chez les personnes atteintes du syndrome de Bardet-Biedl, la réduction progressive du fonctionnement des reins, appelée insuffisance rénale chronique, peut nécessiter le recours au rein artificiel et conduire à une greffe du rein. Cette atteinte rénale se traduit entre autres par une augmentation de la tension artérielle (hypertension artérielle), qui survient chez plus de la moitié des adultes. Même en l’absence de malformations rénales, des troubles de la régulation de la quantité d’eau dans le corps peuvent apparaître. Ils se manifestent par l’augmentation du volume des urines (quel que soit le volume de liquide absorbé), avec besoin fréquent d’uriner, ainsi que par une soif intense (on parle de diabète insipide).
DEFICIT INTELLECTUEL
ET TROUBLES PSYCHOLOGIQUES
Le déficit intellectuel n’est pas toujours présent et touche moins de 50% des patients. Quand il existe, il est modéré ou rarement sévère. Il est à dissocier des troubles cognitifs induits par le handicap visuel. Le plus souvent, il se limite à des difficultés d’apprentissage qui peuvent être aggravées par les troubles de la vision. Il peut y avoir un retard du développement psychomoteur (retard des acquisitions de la position assise, de la marche, et de l’activité de jeu). Les enfants atteints peuvent également présenter des troubles du langage expressif comme un retard d’acquisition du langage (ils parlent plus tard que les autres), mais aussi des troubles de la phonation (façon anormale de produire les sons). Il peut y avoir aussi une diminution de l’audition (hypoacousie), souvent légère et qui passe inaperçue.
Malgré un QI normal, de très nombreux sujets atteints de SBB ont des difficultés d’apprentissage qui nécessitent un soutien extrascolaire. Des troubles psychologiques ou troubles du comportement peuvent apparaître chez certaines personnes au cours de leur vie. Ces troubles incluent une lenteur d'idéation et de réalisation motrice, une instabilité émotionnelle, des colères fréquentes, des troubles de l'abstraction, un comportement inapproprié ou désinhibé (sans notion de ce qui se fait ou ne se fait pas), avec plus rarement un comportement obsessionnel compulsif (c’est-à-dire des gestes répétitifs, comme par exemple se laver les mains très fréquemment). Cela étant, ces troubles ne concernent que quelques malades et on ne sait pas toujours s’ils sont directement liés au syndrome.
ANOMALIE DES ORGANES GENITAUX
Chez les garçons, les organes génitaux, pénis et testicules, sont souvent anormalement petits (hypogonadisme). Chez la fille, des malformations des organes génitaux sont également possibles. Le vagin peut notamment être fermé par une cloison, ce qui provoque une dilatation de la cavité de l’utérus, détectée souvent avant la naissance (hydrométrocolpos).
AUTRES MANIFESTATIONS
Un diabète (taux de sucre trop élevé dans le sang) peut aussi s’installer, comme chez beaucoup de personnes obèses. Il se manifeste d’abord par une fatigue, une soif et une faim intenses, mais peut, avec le temps, entraîner des complications graves comme une insuffisance rénale, un risque accru d’infarctus (crise cardiaque) et d’infections, une atteinte des nerfs pouvant provoquer une perte de sensibilité dans les mains et les pieds… Il peut être traité par médicaments.
Très rarement, une incoordination des mouvements peut survenir, se manifestant par des anomalies de la marche qui est titubante ou des mouvements mal coordonnés des mains.
Il existe, dans de rares cas, des malformations du cœur, en particulier une communication entre les différentes cavités (oreillettes ou ventricules) ou des rétrécissements des valves du cœur (sténoses valvulaires).
La constipation durable (chronique), lorsqu’elle est présente, peut être due à une maladie de Hirschsprung, qui est un manque de contraction du gros intestin (côlon) qui aboutit à sa dilatation.